Créée en 1976, la Française des Jeux (FDJ) a été pendant longtemps le principal opérateur de jeux d’argent à pouvoir exercer sur le territoire. Des grilles de Loto et EuroMillions aux tickets de Millionnaire, ces jeux sont toujours très populaires auprès des joueurs français, dont 25 millions avouent y jouer au moins une fois dans l’année. Bien qu’une loi votée en 2010 autorise l’ouverture du secteur à la concurrence, la FDJ affiche une croissance robuste, avec un chiffre d’affaires record de 2,6 milliards d’euros pour 2023. L’année a également été marquée par la finalisation d’accords significatifs avec ZEturf Group, un site de paris hippiques, et Premier Lotteries Ireland (PLI). La FDJ a fait une offre audacieuse de 2,7 milliards de dollars pour acquérir la société de jeux en ligne Kindred, déjà propriétaire d’Unibet. En se positionnant dans l’industrie des paris sportifs et casinos en ligne français, la marque tricolore pourrait devenir le deuxième opérateur de jeux en ligne du continent. Ces initiatives stratégiques soulignent un engagement notable de la Française des Jeux en faveur de l’innovation, de la croissance et de la diversification dans l’univers dynamique du jeu en ligne.
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Les débuts de la Française des Jeux
En 1976, la Française des Jeux voit le jour dans le but d’assurer la gestion des jeux de loteries sur le territoire français. Succédant à la Loterie Nationale Française et à France Loto, la FDJ est une société anonyme (SA) dont le capital est détenu, à 72%, par l’État français. Grâce aux tirages télévisés et nombreuses campagnes de communication, le loto a progressivement réussi à toucher des milliers de joueurs, aux quatre coins de la France. La marque de l’entreprise, associée à l’image du Loto ou du Keno, connaîtra une croissance notable au cours des années 1990. Mais l’avènement d’internet et des nouvelles technologies mobiles va changer la donne et forcer la FDJ à adopter une nouvelle stratégie de développement.
En 2004, les loteries nationales de six pays européens (Autriche, Belgique, Irlande, Luxembourg, Suisse et Portugal) s’unissent à la Française des Jeux pour créer la première “super-loterie” européenne, l’EuroMillions. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le succès est fulgurant ! Avec l’EuroMillions, les montants des jackpots atteignent des sommes pharaoniques, attirant davantage de joueurs à tenter leur chance. Pour la Française Des Jeux et les loteries nationales européennes, la formule s’avère gagnante : même si les jackpots sont colossaux, les billets se vendent plus cher et les chances de gagner sont plus faibles qu’au loto traditionnel (plus de combinaisons et de joueurs). En 2005, les revenus du secteur ont permis à l’état de récupérer plus de 2,33 milliards d’euros dans ses caisses.
Alors que le marché du iGaming émerge à peine en France, la Française des Jeux fait peau neuve en changeant son logo pour un trèfle à quatre feuilles aux couleurs « bleu-blanc-rouge ». Pour s’imposer dans les nouveaux domaines de divertissements en ligne, la FDJ a ouvert son capital à des investisseurs, mais l’état reste actionnaire à hauteur de 20%. Aujourd’hui, le groupe tricolore affiche sa volonté de s’étendre à l’international, en rachetant des sociétés réputées, déjà implantées dans le secteur.
La FDJ, à l’ère du numérique
En 2015, le conseil d’administration et le président de la FDJ, Stéphane Pallez, décident d’injecter 500 millions d’euros pour aider le groupe à se positionner sur le marché du jeu en ligne. Ces investissements furent principalement destinés à la modernisation des technologies informatiques ainsi qu’à la numérisation de leurs réseaux. La digitalisation de loterie ne rencontra pas un succès immédiat : les joueurs habitués à remplir leurs numéros sur des grilles papiers n’ont pas été les plus faciles à convaincre. Mais au vu des nombreux avantages dont disposent les e-loteries, les mises en ligne ont augmenté de 17% entre 2014 et 2017, atteignant 15,1 milliards d’euros.
Lors de la crise sanitaire mondiale, la FDJ, comme beaucoup d’autres entités du secteur, a vu son chiffre d’affaires sensiblement baisser. Les sites de ventes physiques furent irrémédiablement désertés, mais le nombre de mises en ligne a lui, augmenté, compte tenu des circonstances. Depuis la fin du confinement, le nombre de mises en ligne est à nouveau à la hausse avec une progression de 8,7% sur l’année 2023.
Quelles perspectives de développement pour la FDJ ?
Ces dernières années, la Française des Jeux a réalisé des bénéfices records, faisant presque oublier les mauvais chiffres de 2021. La société souhaite s’attaquer au marché des paris sportifs, largement dominé par des annonceurs tels que BetClic, Winamax ou PMU. Grâce à la popularité d’événements comme la Coupe du Monde UEFA ou le championnat de basket NBA, le marché des paris sportifs a le vent en poupe. En France, il représenterait même plus de 64% de l’ensemble des mises jouées en ligne. Pour s’implanter rapidement dans le milieu, la FDJ a racheté Premier Lotteries Ireland (PLI), l’opérateur de la loterie nationale irlandaise, pour la somme de 350 millions d’euros et ZEturf Group, un des sites de bookmakers majeurs en France, pour une valeur de 175 millions d’euros. Cependant, un recours déposé récemment par la société PMU remet en cause la légitimité de ce partenariat. Approuvée par l’Autorité de la Concurrence (ADLC) en septembre 2023, la FDJ devrait pouvoir finaliser son acquisition sans encombres.
Présent sur le marché des loteries et des paris sportifs en ligne, la FDJ veut également devenir un acteur majeur des casinos en ligne. En janvier 2024, la compagnie tente une offre publique d’achat (OPA) sur Kindred Group, société suédoise propriétaire de l’annonceur Unibet. Le montant de l’offre s’élèverait à plus de 2,6 milliards d’euros.
Conclusion
La FDJ a pansé les plaies dues à une période d’activité morose pour repartir conquérir de nouveaux marchés. Société emblématique associée au loto français, la FDJ pourrait bien s’imposer dans le secteur des paris sportifs et des casinos en ligne, pour devenir un des poids lourds du iGaming européen.